Découvrez Prague avec le regard d’un sans-abri. Les sans-abris ont accompagné les touristes depuis maintenant 5 ans
Dans l’esprit de Tereza Jurečková a émergé l’idée d’un projet courageux nommé Pragulic, qui montre aux personnes la capitale de Prague avec le regard d’un sans-abri. Ce projet aide en plus les sans-abris à sortir de la rue et à avoir un toit au-dessus de leurs têtes. L’opportunité de prendre part à une visite aussi peu conventionnelle est offerte à Olomouc et České Budějovice.
Comment évaluez-vous le projet après cinq années écoulées ?
Lorsque je prends du recul, je peux voir l’étendue du travail que nous avons accompli. Nous avons vraiment débuté de rien. Nous n’avions pas de fonds, pas de contacts, pas d’expérience. Nous étions juste trois amies ayant envie de mettre en place ce projet.
Est-ce que vous avez atteint vos objectifs ?
Nous les avons non seulement atteint, mais également dépassé. Je pensais que nous aurions du succès, mais pas autant que cela. C’est devenu mon métier et une marque qui m’accompagne dans ma vie personnelle et professionnelle.
Est-ce que l’intérêt envers ces visites est grandissant ?
Année après année, les clients en veulent plus. Régulièrement, nous sommes à court de guides disponibles deux mois à l’avance. L’intérêt parmi les groupes, spécialement les étudiants, qui arrivent régulièrement de l’étranger, est également grandissant.
Combien de sans-abris avez-vous employés comme guides ?
Aujourd’hui, vingt-et-un ont rejoint le projet pour les visites. Bien entendu, de nombreux autres sont en contact avec nous. Nous avons neuf guides à Prague.
Quel avantage financier tirent-ils du projet ?
Les guides sont payés plus de 300 couronnes pour chaque visite, et les clients leur donnent souvent un pourboire. Au total, ils gagnent plutôt bien leur vie pour notre pays, et ils peuvent en parallèle limiter leurs dépenses, car nous offrons de nombreux avantages. Si une personne le souhaite, elle peut obtenir un soutien maximal de notre part pour sortir de la rue.
Est-ce que vous vérifiez la manière dont ils se comportent par rapport à l’argent ?
La manière dont ils dépensent leur argent dépend entièrement d’eux. Nous travaillions avec des personnes motivées et plus ou moins responsables. Nous ne nous faisons pas d’illusion sur le fait que l’argent est parfois dépensé de la mauvaise manière, mais cela peut arriver à chacun de nous après tout.
Est-ce que vous constatez que les missions des guides qui travaillent avec vous depuis longtemps ont changé leurs vies ?
Au travail, ils trouvent un sens à leur vie et la possibilité de gagner de l’argent. Ils ont des logements qu’ils peuvent se permettre de payer. Ils quittent la rue et rencontrent de nouvelles personnes, et cet emploi les force à changer leur routine dans le bon sens.
Est-ce difficile de travailler avec les sans-abris ?
La chose la plus difficile est de le supporter psychologiquement. Les guides sont dans des situations difficiles, et leurs problèmes peuvent se répercuter sur vous. Cela peut être épuisant. Je n’ai jamais eu de problème de respect avec eux. Je suis avant tout un employeur et une personne à laquelle ils peuvent parler. Je suis moins dans la posture d’un ami; c’était le cas au début, mais les relations changent, bien sûr, au cours du temps.
Avez vous déjà été dans une situation dangereuse dans un tel environnement ?
Je ne dirais pas une situation dangereuse dans le sens littéral, mais plutôt une situation déplaisante. Je me suis retrouvé à plusieurs reprises dans un dortoir avec des employés et des sans-abris qui pouvaient avoir un caractère inapproprié. J’ai même été témoin d’attaques entre les sans-abris, et dans cette situation vous devez donner l’alerte et réagir rapidement.
Quels sont vos plans pour le futur ?
Pour les sans-abris, il reste beaucoup de travail. Nous voudrions assurer un logement digne et intéressant, des douches mobiles, et nous voudrions également permettre aux personnes extérieures d’aider les sans-abris. Nous avons de nombreux plans, alors nous cherchons des partenaires et investisseurs pour nous aider à les réaliser.